Un ancien officier des forces spéciales américaine accuse le général « Mad Dog » Mattis d’avoir laissé mourir ses hommes

Par Samuel Benchemoul

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Un ancien officier des forces spéciales américaine accuse le général « Mad Dog » Mattis d’avoir laissé mourir ses hommes

Un ancien officier des forces spéciales américaines accuse le général des Marines à la retraite James Mattis, désigné par le président élu Donald Trump pour occuper le poste de Secrétaire à la Défense, d’avoir « laissé ses hommes mourir » après avoir été touchés par un feu ami en Afghanistan, en 2001.

Mattis n’a fait aucune déclaration publique sur l’incident, rapporté dans un bestseller d’Eric Blehm édité en 2011 par le New York Times et intitulé The Only Thing Worth Dying For (non encore traduit en français), dépeignant Mattis comme ayant obstinément refusé de venir en aide aux bérets verts.

Ses agissements, sur lesquels aucune enquête officielle n’a été menée à l’époque, sont désormais susceptibles d’être étudiés de bien plus près lors du processus de confirmation que mènera le Sénat.

L’équipe de transition de Donald Trump n’a voulu répondre à aucune question émanant de NBC News.

Mattis, dont le départ à la retraite en 2013 signifiait qu’il lui faudrait obtenir l’aval du Congrès avant de prendre la tête du Pentagone, a lui aussi refusé de nous répondre.

Mattis est un chef militaire décoré maintes fois en temps de guerre, devenu célèbre après avoir mené l’action ultrarapide de la Première division de Marines à Bagdad lors de l’invasion américaine de 2003.

Le 5 décembre 2001, alors que la catastrophe de Manhattan hantait encore tous les esprits, une équipe de bérets verts escortant Hamid Karzai, futur président de l’Afghanistan, a été atteinte par une bombe intelligente américaine au cours d’un tir ami.

Deux soldats américains sont morts sur le coup et un troisième, grièvement blessé. Des dizaines d’Afghans ont eux aussi été abattus, et l’agent de la CIA qui dirige aujourd’hui le renseignement de l’agence s’est interposé pour protéger Karzai.

Des sources impliquées dans cette opération ont déclaré que Mattis, alors brigadier général (équivalent de notre général de brigade) à la tête d’un groupe proche de Marines, a ignoré les demandes répétées lui enjoignant d’envoyer des hélicoptères secourir les bérets verts. D’après le livre, les appareils sous ses ordres, basés à Camp Rhino, se trouvaient à environ 45 minutes de là.

En tant que commandant, Mattis avait pour prérogative de dépêcher ou non des secours.

Qui est le général James Mattis ?

« Il était hésitant et il n’a pas fait son devoir. Il a laissé mes hommes mourir alors que lui seul avait les moyens de nous sauver », a déclaré vendredi matin Jason Amerine sur Facebook. Amerine dirigeait l’opération des forces spéciales avec le grade de capitaine.

« Toutes les forces afghanes ont tenté de nous venir en aide, à l’exception de l’unité alliée la plus proche, commandée par Mattis » a ajouté Amerine, qui a pris sa retraite de lieutenant-colonel et fait la une ces dernières années en tant que critique virulent de la politique relative aux otages de l’administration Obama.

Lundi aura lieu la 15è commémoration de cet incident, qui vit périr le sergent-chef Jefferson Donald Davis, 39 ans ; le sergent de première classe Daniel Henry Petithory, 32 ans ; et le sergent-chef Brian Cody Prosser, 28 ans.

Ce fut finalement une unité des forces spéciales aériennes basée à trois heures du lieu, au Pakistan, qui envoya des hélicoptères plus vétustes secourir Amerine et ses hommes. Trois autres Afghans et un Américain grièvement blessé, Brian Cody Prosser, sont morts sur le chemin de l’hôpital, toujours selon l’ouvrage. Nul ne sait s’ils auraient pu être sauvés.

Selon les témoignages recueillis dans le livre, Mattis doutait de la nécessité d’envoyer des secours et s’inquiétait de la sécurité au sol.

Plus tard, toujours selon Blehm, quand un sergent des forces spéciales, David Lee, a mis en cause sa décision, Mattis l’a expulsé de son bureau.

De nombreux républicains – notamment le vice-président élu Mike Pence – ont critiqué l’administration Obama pendant des années car elle n’avait pas monté de mission de sauvetage quand un poste diplomatique avait été attaqué à Benghazi en 2012, alors que les officiels militaires affirmaient qu’une telle opération était impossible.

Blehm affirme que, dans le cas qui nous occupe, une autre unité a dû intervenir car Mattis faisait preuve d’inertie.

« L’Air Force Special Operation Command disposait des mêmes informations que Mattis, et ses membres ont agi immédiatement, eux », poursuit-il.

Blehm a fait trois ans de recherches pour son livre, dont une longue interview avec Karzai, a-t-il dit à NBC News.

Il s’est entretenu avec six des onze bérets verts survivants impliqués dans l’opération.

« Ils m’ont affirmé que dans cette situation de grand péril, soit blessés eux-mêmes ou en train de panser leurs camarades touchés, tous se demandaient où diable étaient passés les Marines. »

Sur son Facebook, Amerine – qui a refusé de s’exprimer officiellement pour NBC News – a déclaré qu’il était ironique que Mattis soit plus tard devenu célèbre pour avoir relevé un commandant de bataillon en raison de son hésitation supposée lors de l’invasion de l’Irak en 2003.

« Le retard de Mattis concernant l’envoi d’une évacuation sanitaire (MEDIVAC) le 5 décembre n’a jamais été mis en doute, même par lui, a-t-il poursuivi. La seule question qui se posait, portait sur la justification de ce retard et sur le nombre précis de morts en ayant résulté. »

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